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Comme je lâai dit en dĂ©but de saison, jâai signĂ© ici dans un club trĂšs ambitieux, exactement comme je peux lâĂȘtre. On avait lâambition de rĂ©aliser de belles choses le plus rapidement possible. Donc, avec le travail quâon a pu effectuer, et un peu de chance aussi, car il en faut toujours pour aller chercher des titres, avec ces deux Ă©lĂ©ments-lĂ , ça nous a permis de remporter ce premier titre qui est trĂšs important pour lâAS Monaco. Tu sais, lâan dernier, au mom
ent de la Leaders Cup, lâASVEL mâavait fait une bonne proposition et nous Ă©tions dâaccord sur tout. Câest certain que le club voulait me garder et je me voyais bien terminer ma carriĂšre lĂ -bas. Ensuite, Ă mon poste, certains joueurs qui devaient partir initialement sont restĂ©s et il y avait trop de postes 4 dans lâeffectif. Câest la seule raison qui a fait que je ne suis pas restĂ© Ă lâASVELâŠ
Plus sĂ©rieusement, vous sortiez dâune pĂ©riode plus dĂ©licate, avec une dĂ©faite Ă Nanterre et un gros Ă©clat pris Ă Chalon. Est-ce que vous croyiez pouvoir aller au bout en arrivant Ă Disney ?
Oui, mais comme la plupart des Ă©quipes. Et nous, on dĂ©barquait avec beaucoup moins de pression que dâautres, car jusquâici, nous rĂ©alisons dĂ©jĂ une trĂšs belle saison. Il faut se dire la vĂ©ritĂ©Â : nous Ă©tions tout sauf les favoris du tournoi. Et ça nous a permis de jouer cette compĂ©tition libĂ©rĂ©s. AprĂšs, on a pris confiance au fil des matches et cela a beaucoup jouĂ© sur la rĂ©ussite quâon a pu connaĂźtre dans ce tournoi.
Monaco est montĂ© en puissance au fil de la Leaders Cup, avec un premier tour difficile contre Nanterre, une demi-finale maĂźtrisĂ©e face Ă lâĂ©quipe en forme du moment, la SIG (82-65) et une finale dominĂ©e. Est-ce quâon sent lâĂ©quipe monter en puissance au fil du tournoi ou bien tout va trop vite ?
Cela va vraiment trop vite ! On nâa vraiment pas le temps de rĂ©flĂ©chir. Ă chaque match, tu gagnes ou alors tu fais tes valises, alors tu ne peux juste rien faire dâautre que jeter toutes tes forces dans la bataille. Câest le seul moyen de survivre dans ce tournoi. Alors, câest vrai quâon a pas mal souffert contre Nanterre. Câest aussi dĂ» au fait quâon a connu pas mal de petits pĂ©pins physiques juste avant la Leaders Cup. Moi, par exemple, je ne mâĂ©tais entraĂźnĂ© que deux fois parce que jâavais le genou bloquĂ©. On a eu aussi des malades⊠Ce nâest pas lâidĂ©al Ă lâapproche dâune compĂ©tition comme la Leaders Cup. Mais on a su trouver les ressources mentales et physiques pour se battre et aller jusquâau bout.
La force de lâAS Monaco, sur cette Leaders Cup, est-ce que ça a Ă©tĂ© un effectif trĂšs Ă©quilibrĂ©, avec 9 joueurs interchangeables (plus Akpomedah et Kante) plutĂŽt que quelques stars ?
Exactement. Le coach lâa soulignĂ© Ă plusieurs reprises lors de ses interviews. Le staff et les dirigeants ont pu signer les joueurs quâils voulaient. Ils ont construit lâĂ©quipe de maniĂšre Ă ce que nâimporte qui puisse apporter Ă des moments diffĂ©rents. LĂ , ça a Ă©tĂ© le cas pendant toute la Leaders Cup. Chacun, vraiment, a offert quelque chose, chacun dans son rĂŽle, sans se soucier de savoir sâil se mettait en valeur ou pas dans les stats.
Amara Sy a largement contribuĂ© Ă la superbe victoire de lâASM Ă la Leaders Cup
Cette Leaders Cup prend de lâampleur dâannĂ©e en annĂ©e. Pour les joueurs et leurs familles, est-ce quâon a le temps de profiter un peu des Ă -cĂŽtĂ©s de la compĂ©tition ?
Bah non ! Il faut aussi le demander Ă ceux qui sont venus avec leur famille. Moi, jâĂ©tais lĂ tout seul, avec mon “gros” Akpomedah dans la chambre⊠Nous, on avait la tĂȘte Ă fond dans la compĂ©tition, avec beaucoup de soins et de rĂ©cupĂ©ration aprĂšs chaque rencontre. Donc, pas vraiment le temps de profiter des Parcs. Nous nâĂ©tions pas lĂ pour ça. Mais il faudrait que tu demandes ça Ă ceux qui sont sortis plus vite du tournoi⊠Pendant le Media Day, aprĂšs les photos avec Dark Vador et tout le tralala, on Ă©tait invitĂ©s par DisneylandÂź Paris et la LNB Ă faire un tour dans Space Mountain pour nous dĂ©tendre un peu avant de commencer les choses sĂ©rieuses. Mais une fois quâon a commencĂ©, on avait la tĂȘte Ă fond dans la compĂ©tition et câest ce qui nous a permis dâaller au bout je croisâŠ
Ce qui impressionne avec Monaco, câest la vitesse Ă laquelle a “pris” le collectif, alors que lâeffectif Ă©tait tout neuf. Du haut de votre longue expĂ©rience, Ă quoi ça tient cette mayonnaise qui prend ou pas ? Ă la qualitĂ© du coach ? Aux individus ? Aux circonstances ?
La qualitĂ© du coaching joue, câest certain. Comme celle du recrutement, de la complĂ©mentaritĂ© au sein du groupe. Le coach nous lâa dit souvent : les joueurs qui sont arrivĂ©s nâont pas Ă©tĂ© choisis juste sur leur talent ou leurs qualitĂ©s physiques et techniques, mais aussi sur leur mental. Ils cherchaient Ă construire un groupe sain, travailleur et respectueux. Alors, quand tous ces Ă©lĂ©ments se trouvent rĂ©unis, forcĂ©ment, il y a une bonne ambiance de travail. Et quand le groupe bosse sĂ©rieusement, ça aide Ă rattraper le retard, Ă compenser pour le vĂ©cu que ce groupe nâavait pas ensemble. Lâeffectif, tu sais, il est composĂ© de quelques joueurs qui connaissent la Pro A Ă fond, dâun peu de jeunes qui dĂ©couvrent et dâUS qui avaient de lâexpĂ©rience mais ne connaissaient pas notre ligue. Moi, je trouve que ça fait un beau mĂ©lange. On travaille bien, on sent quâon progresse de semaine en semaine. Et je suis sĂ»r que ce trophĂ©e va nous donner des ailes pour encore mieux travailler et tirer le meilleur de ce groupe.
DeMarcus Nelson et D.J. Cooper sont des joueurs trĂšs diffĂ©rents. Pourtant, on a lâimpression que le remplacement de lâun par lâautre sâest fait sans trop de souci. Que vous apporte Cooper ?
Cooper, il est vraiment stable. Il amĂšne une forme de sĂ©rĂ©nitĂ©. Mais il est aussi incroyable pour te filer la balle alors que tu nâimagines mĂȘme pas quâil va trouver un trou de souris pour te la glisser⊠Câest un facilitateur. Câest vrai quâil est trĂšs diffĂ©rent de DeMarcus, qui Ă©tait plus un joueur dâimpact. Leur rĂŽle est diffĂ©rent, et notre jeu a un petit peu changĂ© avec lâun ou lâautre dans lâeffectif, mais si on a pu aller chercher la Leaders Cup, câest aussi grĂące Ă lâapport de D.J. sur ce tournoi. Moi, je crois que Cooper fait vraiment progresser ce groupe. LĂ , on apprend encore Ă se connaĂźtre, ce qui fait que je crois vraiment quâon a une marge de progression encore Ă©norme dâici aux Playoffs.
Quant Ă vous, le temps ne semble pas avoir de prise puisque vous rĂ©alisez votre plus gros match, sur le plan statistique comme sur lâinfluence dans le jeu, lors de la finaleâŠ
Trois matches en trois jours ? Franchement, ce nâest pas un problĂšme. Je ne sais pas si câest Ă cause de lâadrĂ©naline, mais je sais que jâaurais pu en enquiller un quatriĂšme si ça avait Ă©tĂ© nĂ©cessaire. Non, je pĂšte la forme en ce moment ! LâĂąge, câest aussi dans la tĂȘte, tu sais ! Je travaille toujours aussi dur quâavant et jâai lâimpression dâavoir 25 ans. Je fais trĂšs attention Ă mon alimentation, aux plages de repos, aux soins⊠ForcĂ©ment, Ă 35 ans, tu es plus fragile, mais tu te connais mieux aussi et⊠tu es plus sage ! Cela fait plaisir de voir que les efforts que tu peux produire au quotidien sont rĂ©compensĂ©s.
Avec 8,0 points et 3,7 rebonds (8,6 dâĂ©valuation) en 23 minutes de moyenne depuis le dĂ©but de saison,  lâinternational malien est un vrai pilier de la Roca Team
Vous vous voyez jeter une grosse balle orange dans un panier pendant combien de temps encore ?
(Il rit) Franchement, je nâen ai aucune idĂ©e ! Tant que mon corps me le permettra, je continuerai. Je sais que mon cĆur et ma tĂȘte nâauront jamais envie dâarrĂȘter. Donc, câest le corps qui en dĂ©cidera. Ă un moment donnĂ©, câest clair que mon corps va me dire stop, mais pour le moment, on en est encore loin ! Jâai eu la chance de ne pas connaĂźtre de grosses blessures, en dehors dâun bras cassĂ© quand jâĂ©tais au Mans. Mais bon, ça, câest juste une mauvaise chute, tu ne peux rien y faireâŠ
Yakuba Ouattara explose cette annĂ©e Ă lâASM sur des postes oĂč il y a pourtant pas mal de joueurs US. Il a 23 ans. Est-ce que ça ne dĂ©montre pas quâon pourrait donner leur chance aux gamins bien plus tĂŽt dans leur carriĂšre plutĂŽt que de tout baser sur des US souvent mĂ©diocres ou sans gros potentielâŠ
Câest exactement ça⊠(Long soupir) AprĂšs, câest quand mĂȘme triste de constater que câest encore un coach Ă©tranger qui donne sa chance Ă un gamin comme Yakuba, que son club avait choisi de prĂȘter en Pro B la saison dâavant. Le fait est que les coaches Ă©trangers arrivent avec zĂ©ro a priori. Ils voient des joueurs, sont impressionnĂ©s par leurs qualitĂ©s athlĂ©tiques et se disent tout bĂȘtement quâils vont pouvoir en faire quelque chose⊠Un joueur comme Yak, qui est Ă la fois bosseur, dĂ©jĂ mature et talentueux, ça donne tout simplement ce que lâon a pu voir sur cette Leaders Cup comme depuis le dĂ©but de saison dâailleurs. Yak, il peut vraiment aller trĂšs, trĂšs loin. Franchement, ça me fait penser Ă mon histoire, au dĂ©but, avec lâASVEL. Ă son arrivĂ©e, Boscia Tanjevic avait demandĂ© aux dirigeants sâil y avait des joueurs intĂ©ressants. Et le club avait rĂ©pondu que⊠non. Câest vrai, il y avait juste Ali TraorĂ©, HervĂ© TourĂ© et moi au centre de formation. Donc aucun potentiel ! Tanjevic, comme il aimait bien la formation, il nous a fait venir en disant quâaprĂšs avoir bossĂ© pendant des annĂ©es en Italie et ailleurs, il nâavait jamais vu autant de jeunes Ă fort potentiel quâau sein du centre de formation de lâASVEL. Malheureusement, on connaĂźt la suite⊠Son passage en France a Ă©tĂ© brillant (un titre de champion en 2002, juste aprĂšs son arrivĂ©e, ndlr) mais trĂšs court ! Moi, jâavais demandĂ© Ă partir car je ne jouais jamais. Je devais aller Ă Bourg mais Boscia a mis son veto et mâa donnĂ© ma chance de suite. Alors, ça me fait un peu penser Ă mon histoire personnelleâŠ
Un passage brillant mais trop court Ă lâAEK, un Ă©tĂ© Ă tenter votre chance en NBA suivi de quelques mois en D-League, un passage en ACB⊠Avec le recul, est-ce quâil y a des choses qui vous laissent des regrets et de quoi ĂȘtes-vous le plus fier ?
En fait, je ne suis pas du genre Ă avoir des regrets, mais si je devais en avoir un seul, câest sans doute dâĂȘtre parti trop tard Ă lâĂ©tranger. Jâavais eu dâautres propositions quand jâĂ©tais plus jeune mais je nâai pas osĂ©. Alors, oui, si je devais en avoir un, de regret, ce serait celui-ci. Et la chose dont je suis le plus fier ? Je nâen sais rien⊠Sans doute lâensemble de ma carriĂšre, car les gens qui me connaissent savent dâoĂč je viens. Jâai commencĂ© le basket tard, vers 14 ans. Parfois, jâaurais sans doute pu faire mieux. Jâaurais aussi bien aimĂ© avoir ma chance en NBA, mais quand je regarde le chemin parcouru, franchement, je me dis que je nâai pas perdu mon tempsâŠ
On peut prendre des nouvelles du clan Sy ?
Bandja, tout le monde le sait, il tire son Ă©pingle du jeu Ă Nancy. Mamoudou, il joue Ă lâOLB (Ouest Lyonnais Basket), en Nationale 2. Et Mamadou est Ă Saint-Vallier, en N1âŠ
Quatre frĂšres tous professionnels, câĂ©tait dĂ©jĂ inĂ©dit. Mais vers 2025, ça peut donner combien de cousins Ă©voluant en pro ?
(Il Ă©clate de rire) Câest vrai que ça peut ĂȘtre Ă©norme. Moi, jâai la chance dâavoir une fille et un garçon. AprĂšs, je ne sais pas sâils joueront au basket, ce sera Ă eux de le dĂ©cider. Mes parents mâont fait confiance, mâont toujours soutenu et encouragĂ©, mĂȘme sâils nâavaient pas la mĂȘme connaissance du milieu que je peux avoir aujourdâhui. Mais malgrĂ© tout, ils ont su me conseiller, mâorienter, sans jamais me brider.
Vous aurez 35 ans cet Ă©tĂ©, Ăąge qui commence Ă ĂȘtre canonique pour un sportif professionnel, vous arrivez sur la CĂŽte dâAzur, lĂ oĂč beaucoup viennent prendre une retraite dorĂ©e. Câest quoi cette idĂ©e dâaller chercher un titre Ă la Leaders Cup ?
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