Kobe Bryant
NBA

Kobe Bryant, Ă©toile filante de la NBA

AFP/Archives / Robyn BECK

Temps de lecture : 3 mn đź•—

Il avait rejoint dans la lĂ©gende de la NBA ses idoles Magic Johnson et Michael Jordan. En vingt saisons sous le maillot des Los Angeles Lakers, Kobe Bryant, dont la mort Ă  41 ans dans un accident d’hĂ©licoptère a Ă©tĂ© confirmĂ©e par les autoritĂ©s locales, n’a eu qu’une obsession: gagner.

Quintuple champion NBA, meilleur joueur de la saison rĂ©gulière 2008, un des sept joueurs Ă  avoir inscrit plus de 30.000 points durant sa carrière, c’est incontestablement en vainqueur qu’il avait pris sa retraite, un soir d’avril 2016, en marquant pour ses adieux 60 points au terme d’un match Ă©bouriffant.

Quelques mois plus tĂ´t, au moment d’annoncer la fin de sa carrière, le 4e meilleur marqueur de l’histoire de la NBA — il a Ă©tĂ© dĂ©passĂ© samedi soir par LeBron James — avait assurĂ© “ĂŞtre prĂŞt Ă  laisser filer le basket”.

Pourtant, reconverti dans la production de documentaires (il a reçu l’Oscar du meilleur court mĂ©trage d’animation en 2018), il n’hĂ©sitait pas Ă  revenir de temps Ă  autre au Staples Center, la salle des Lakers, comme ce soir de novembre 2019 oĂą LeBron James, encore lui, avait Ă©tincelĂ© devant ses yeux.

Autant qu’une mĂ©gastar du sport mondial, c’est une Ă©nigme qui s’en est allĂ©e dimanche Ă  Calabasas, près de Los Angeles.

Enfant, il se croyait “la honte de sa famille”. Comme beaucoup de “fils de”, il a souffert de la comparaison avec son père, Joe Bryant, qui lui a donnĂ© ce prĂ©nom insolite, en le choisissant, selon la lĂ©gende, sur le menu d’un restaurant japonais, et qui a jouĂ© huit saisons en NBA entre 1975 et 1983, avant de gagner sa vie dans le Championnat italien.

– Bourreau de travail –

De ses huit annĂ©es en Italie, Bryant junior a gardĂ© un amour immodĂ©rĂ© pour le football, une solide maĂ®trise de l’italien, ainsi que des bases techniques et des fondamentaux tactiques, rares chez les joueurs amĂ©ricains, qui le mèneront au plus haut.

Mais Ă  son retour aux Etats-Unis, en 1992, l’adolescent filiforme, affublĂ© du maillot de son idole Magic Johnson, peine Ă  jouer mĂŞme quelques minutes par match dans l’Ă©quipe du lycĂ©e de Lower Merion, Ă  Philadelphie.

23079b08ce90b640167d2e52a0dca1e9ec89d3cf

Kobe Bryant, le 13 avril 2016 Ă  Los Angeles avant son dernier match officiel en NBA / AFP/Archives / FREDERIC J. BROWN

 

Après quatre annĂ©es de travail acharnĂ©, il est la star de son lycĂ©e. PlutĂ´t que de rejoindre l’une des prestigieuses universitĂ©s qui le courtisent, il saute directement le pas de la NBA: Ă  la Draft 1996, il est choisi en 13e position Ă  17 ans par Charlotte qui, pour son plus grand malheur, le cède aussitĂ´t aux Lakers.

La NBA et la planète basket sont en pleine “Jordan-mania”: la star des Chicago Bulls a depuis quelques annĂ©es remplacĂ© Magic Johnson dans le PanthĂ©on personnel de Bryant.

Il dĂ©cortique ses matches, adopte ses mimiques et s’inspire de son jeu aĂ©rien et physique.

“Son obsession pour Michael Ă©tait manifeste”, a reconnu Phil Jackson, l’entraĂ®neur qui a remportĂ© six titres NBA avec Jordan Ă  Chicago, puis cinq avec Bryant Ă  la tĂŞte des Lakers.

– “Je te botte les fesses” –

Pendant que Jordan vit les dernières années de son règne, Bryant commence à se faire un nom et se présente, par son style spectaculaire, son aplomb, voire son insolence, comme son successeur naturel.

02ce455fc3a500efef1af5c3853e367f0928d08f

Kobe Bryant entourĂ© par Shaquille O’Neal et leur ancien coach Phil Jackson lors d’une cĂ©rĂ©monie au Staples Center, le 24 mars 2017 / Getty/AFP/Archives / KEVORK DJANSEZIAN

Jackson a organisĂ© en 1999 une rencontre entre les deux joueurs en espĂ©rant que Bryant, feu follet parfois incontrĂ´lable, s’inspire de la sagesse et de l’altruisme de Jordan, dĂ©sormais retraitĂ©. “La première chose qu’il lui a dite, c’est +Si on fait un un-contre-un, je te botte les fesses+”, a rappelĂ©, encore interdit, Jackson dans son autobiographie.

L’ère Kobe Bryant est sur le point de commencer: associĂ© Ă  Shaquille O’Neal, il domine la NBA pendant trois saisons consĂ©cutives, de 2000 Ă  2002.

Bryant est un bourreau de travail sans Ă©quivalent : longues sĂ©ances de shoots, jusque tard le soir, après les entraĂ®nements officiels, analyse des Ă©crits d’entraĂ®neurs amĂ©ricains et europĂ©ens, et sĂ©ances de prĂ©paration physique Ă  rallonge.

On le dit monomaniaque, ce qui lui vaut de se brouiller avec certains coĂ©quipiers dont O’Neal qui prĂ©fère partir en 2004 Ă  Miami.

– “Cher basket” –

En 2003, celui qui est surnommĂ© “le Black Mamba” en raison de son sang froid, vit la pĂ©riode la plus sombre de sa carrière, qui Ă©cornera son image Ă  jamais: il est accusĂ© de viol par une employĂ©e d’un luxueux complexe hĂ´telier d’Edwards (Colorado) oĂą il sĂ©journait, en convalescence, après une arthroscopie d’un genou.

Devant la justice, il reconnaît avoir eu une relation sexuelle avec la jeune femme de 19 ans qui était, selon lui, consentante. Le procès est finalement annulé après le refus de témoigner de sa victime, avec qui il a trouvé un accord loin des tribunaux.

Devenu le joueur de basket le plus connu et le mieux payé de la planète, Bryant écrit sa légende avec ses 81 points marqués en 2006 contre Toronto, ses cinq titres NBA, ses deux sacres olympiques, ses 18 participations au All Star Game, plus de 33.000 points marqués et une flopée de record.

Mais sa fin de règne est douloureuse, avec des blessures graves à répétition, des Lakers en pleine déroute et des statistiques personnelles en berne.

Jusqu’au 29 novembre 2015 oĂą dans un poème adressĂ© Ă  son “cher basket”, il reconnaĂ®t que “(son) corps sait que l’heure de dire au revoir est arrivĂ©e”.

Quatre ans plus tard, le cĹ“ur de millions de fans a trouvĂ© une nouvelle raison d’affirmer le contraire.

___________________________________________

AFP

Facebook Comments
Kobe Bryant, Ă©toile filante de la NBA
coinpayu
Click to comment

You must be logged in to post a comment Login

Leave a Reply

Les plus populaires

To Top