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Durant à Golden State, le choix de la facilité et de la raison

Temps de lecture : 2 mn 🕗

Si la dĂ©cision de KD est comprĂ©hensible, elle va Ă  l’encontre d’une certaine idĂ©e du sport et de l’éthique.  

Neuf ans, ça suffit. Kevin Durant est l’un des trois meilleurs joueurs du monde, un attaquant on ne peut plus complet, une superstar. Mais aprĂšs neuf saisons Ă  courir aprĂšs le titre avec Oklahoma City (qui Ă©tait encore Seattle Ă  ses dĂ©buts), son palmarĂšs est toujours vierge. VoilĂ  ce qui a poussĂ© KD Ă  quitter le Thunder, Ă  27 ans. Peut-on lui en vouloir ? Il n’y a pas de loi qui oblige les stars Ă  rester toute leur carriĂšre dans la mĂȘme Ă©quipe. La vraie question est la suivante : Durant pouvait-il gagner le titre dans l’Oklahoma, avec Russell Westbrook Ă  ses cĂŽtĂ©s ? Ce dernier est assurĂ©ment l’un des joueurs les plus talentueux du moment, une machine Ă  triple-doubles, le meneur de jeu le plus athlĂ©tique qu’on ait vu sur un terrain et un compĂ©titeur animĂ© par la mĂȘme soif de vaincre qu’un Kobe Bryant. Mais on connait aussi ses sautes de concentration, sa facultĂ© Ă  perdre des ballons ou Ă  prendre des tirs improbables dans les moments chauds. Kevin Durant est-il arrivĂ© Ă  la conclusion que son tandem avec Russell Westbrook Ă©tait dĂ©finitivement vouĂ© Ă  l’Ă©chec, au-delĂ  de leur amitiĂ© en dehors des parquets ? Il ne l’a jamais dit ainsi, mais c’est probable. Sinon, pourquoi partir, tourner le dos Ă  la franchise qui l’a draftĂ© et s’attirer les critiques des uns et des autres ?

Tous les titres n’ont pas la mĂȘme valeur

Ce qu’on peut lui reprocher en revanche, c’est sa destination, le choix de rejoindre l’équipe qui l’a battu lors des derniers play-offs, Golden State. Rappelons toute de mĂȘme que le Thunder a Ă©tĂ© Ă  48 minutes des Finales NBA 2016 trois fois contre ces mĂȘmes Warriors, en finales de ConfĂ©rence, ayant menĂ© 3-1. Mais trois fois, KD, Westbrook et compagnie ont laissĂ© passer le coche, alors qu’ils ont globalement dominĂ© la sĂ©rie.

Durant ne rejoint pas seulement l’équipe qui l’a battu, mais aussi celle qui a effacĂ© le record de victoire des Bulls en saison rĂ©guliĂšre (73 en 2015-16) et qui reste sur deux apparitions consĂ©cutives en Finales, avec un titre en 2015. Une Ă©quipe qui compte dĂ©jĂ  dans ses rangs Draymond Green, Andre Iguodala, ainsi que les deux meilleurs shooteurs du monde, Klay Thompson et Stephen Curry. Ce dernier sortant d’ailleurs d’une saison historique Ă  titre individuel : record NBA de rĂ©ussites Ă  trois points (402 en saison rĂ©guliĂšre), MVP Ă  l’unanimitĂ© (une premiĂšre), meilleur scoreur (30,1 pts/match) et meilleur intercepteur (2,1/match) de la Ligue. MalgrĂ© sa dĂ©faillance en finale, dĂ©faillance qui s’explique en partie par les blessures, Curry est un monstre. KD aussi. Et les Warriors ont dĂ©jĂ  prouvĂ© qu’ils sont tout en haut dans la hiĂ©rarchie, l’une des meilleures Ă©quipes de l’histoire. Faire ce choix, aussi comprĂ©hensible soit-il quand on vise son premier titre, manque de panache.

Le panache, c’est justement ce qui rend le titre remportĂ© par LeBron James avec Cleveland cette annĂ©e si spĂ©cial, comparĂ© aux deux qu’il a glanĂ© avec Dwyane Wade et Chris Bosh Ă  Miami en 2012, contre le Thunder de Kevin Durant, et 2013, l’annĂ©e du shoot magique de Ray Allen contre San Antonio. Tous les titres n’ont donc pas la mĂȘme saveur, et ceux que pourraient remporter KD avec Stephen Curry et compagnie n’aurait assurĂ©ment pas le mĂȘme goĂ»t que s’il avait soulevĂ© le trophĂ©e Larry O’Brien Ă  OKC.

Karl Malone, Charles Barkley, Steve Nash
 et Kevin Durant ?

Mais la perspective d’intĂ©grer le club des meilleurs joueurs sans bague, avec Karl Malone, Charles Barkley, Patrick Ewing, John Stockton, Steve Nash et autre Allen Iverson, a poussĂ© Kevin Durant Ă  secouer l’histoire. Rappelons que ce n’est Ă©videmment pas pour l’argent que l’intĂ©ressĂ© a choisi de signer Ă  Golden State. Il ne prendra «que» 53 et quelques millions de dollars sur les deux prochaines annĂ©es dans la Baie de San Francisco, selon ESPN, alors qu’il aurait pu signer pour cinq ans et un salaire bien supĂ©rieur dans l’Oklahoma. Le natif de DC aura en outre la possibilitĂ© d’ĂȘtre free-agent l’étĂ© prochain, la deuxiĂšme annĂ©e de ce deal Ă©tant optionnelle. D’ailleurs, Durant n’est pas dans le besoin : outre ses neuf ans de salaire de joueur NBA et ses divers engagements publicitaires, il a signĂ© un contrat d’environ 300 millions de dollars sur 10 ans avec Nike en 2014
 Ce choix n’est guidĂ© que par la volontĂ© de gagner, et de gagner maintenant.

Rejoindre Curry et compagnie reprĂ©sente donc peut-ĂȘtre le choix de la facilitĂ©, mais c’est aussi celui de la raison. Quitte Ă  partir, autant rejoindre les meilleurs
 On ne peut toutefois pas exclure de le voir suivre les traces de LeBron James jusqu’au bout : quitter son club de toujours pour former une mini dream team, remporter un ou plusieurs titres et pourquoi rentrer Ă  OKC, ou mĂȘme tenter le coup avec les Wizards, club de sa ville natale, une fois qu’il aura glanĂ© son premier trophĂ©e. AprĂšs tout, il n’a que 27 ans.

Les stars du passĂ© n’auraient jamais suivi cette voie

Ne boudons d’ailleurs pas notre plaisir : voir Kevin Durant, Stephen Curry et consorts sous le mĂȘme maillot, cela promet d’ĂȘtre diablement excitant, spectaculaire au possible. Le tout avec une pression terrible qui rendra leur saison d’autant plus savoureuse. Cela va simplement Ă  l’encontre d’une certaine Ă©thique, d’une certaine morale, d’une certaine idĂ©e du sport. On aurait eu du mal Ă …lire+.

Source : sport24.lefigaro.fr

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