Temps de lecture : 3 mn đ
AprĂšs une saison noire, le pivot français des Knicks assume ses responsabilitĂ©s et essaie d’anticiper pour cet Ă©tĂ©, notamment aprĂšs ses rĂ©unions avec Phil Jackson. Comme il nous l’a expliquĂ©.
De notre correspondant Ă New York
Kevin, comment vous sentez-vous ?
Kevin Seraphin : Bien, en forme, comparĂ© au dĂ©but de saison. Jâavais une blessure mais bon, ce nâĂ©tait pas vraiment une grosse blessure. CâĂ©tait gĂȘnant surtout.
Cela a influencé le reste de la saison du coup ?
Ăa a Ă©normĂ©ment influencĂ© le reste de la saison. Derek (Fisher, le coach des Knicks en dĂ©but dâexercice, ndlr) cherchait sa rotation. Or il ne pouvait pas compter sur moi. Je jouais un match, mon genou gonflait. MĂȘme les mĂ©decins lui disaient que je ne pouvais pas jouer plus de tant de minutes⊠Donc ça mâa un peu fait mal pour le reste.
CâĂ©tait la premiĂšre impression avec lui en plusâŠ
CâĂ©tait les premiĂšres impressions. Ăa compte.
Y a-t-il une part de regret du coup ?
(Il hĂ©site longuement). Ăa dĂ©pend. Je ne regrette pas du tout dâĂȘtre venu Ă NY. AprĂšs, il y a beaucoup de facteurs oĂč câest de ma faute, un peu ou beaucoup, donc jâaimerai plutĂŽt pouvoir corriger cela en fait. PlutĂŽt que la dĂ©cision de venir ici. Je ne peux pas blĂąmer les Knicks. Câest ma faute.
OĂč avez-vous pĂ©chĂ©Â ?
Jâaurai dĂ» arriver en meilleure forme. Il y a eu beaucoup de choses. La free agency, câĂ©tait la premiĂšre fois pour moi. Jâattendais beaucoup de choses qui ne se sont pas forcĂ©ment passĂ©es comme je le voulais. Donc mentalement jâĂ©tais «off», ce qui est trĂšs rare. Mentalement, je nâai jamais lĂąchĂ©. Mais lĂ , câĂ©tait un peu dur pour moi. Je nâai pas fait attention comme chaque Ă©tĂ© et cela mâa pĂ©nalisĂ©. Erreur que je ne ferai pas cet Ă©tĂ©. Quoiquâil arrive.
“Il faut avoir une mentalitĂ© de requin.”
Cette question de surpoids, qui influe derriĂšre sur le genou, câest vraiment rĂ©current chez vous, depuis le dĂ©but en NBA en faitâŠ
Toujours. Jâai une morphologie comme ça⊠Et ça ce nâest pas moi qui lâait inventĂ© ou qui le raconte. Ăa a Ă©tĂ© prouvĂ©, on a fait les tests. Je prends facilement du muscle, donc je ne fais pas beaucoup de muscu. Il ne faut pas que jâen fasse trop mĂȘme, sinon je prends trop. Mais je prends aussi du gras vite si je ne suis pas Ă un rythme dâactivitĂ© Ă©levĂ©. Comme je suis Ă 126 kg en poids de forme, je peux facilement me retrouver Ă plus de 130 kg, surtout vu mes proportions. LĂ , je suis Ă 126 et a 8,5% de taux de graisse, ce qui est trĂšs bas. Câest le plus bas que jâai atteint. Je travaille.
Le fait dâĂȘtre Ă New York, cela avait comptĂ© dans le fait de signer aux Knicks ?
Bien sĂ»r. AprĂšs, la ville⊠Je ne te cache pas que le basket influe beaucoup sur ta vie quand tu es en NBA. Donc bon, si tu ne joues pas, tu en profites moins. Si je ne joue pas, câest plus dur de profiter de la ville. AprĂšs, les gens vont dire «Ouais il dit ça mais bon il est en NBA…» Chacun ses problĂšmes.
Les problĂšmes en NBA, câest surtout de savoir si on fait les bons choix ?
Ăa, câest vraiment la question qui revient souvent : «Est-ce que je fais vraiment la bonne chose pour moi ?» Quelle que soit la dĂ©cision, tu te poses tout le temps des questions : «Est-ce que je devrais resigner avec Washington ?» MĂȘme le travail que tu fais pendant lâĂ©té⊠Câest dâailleurs dĂšs le dĂ©but en NBA, avec la draft. La NBA, mine de rien, si tu nâes pas fort mentalement, ça peut te dĂ©truire.
“A la fin, jâai moins jouĂ©, je ne sais pas pourquoi.”
Vous avez moins joué que lors de votre saison rookie. Cela aussi a été difficile à gérer ?
Oui. Mais câĂ©tait pareil pour Kyle (OâQuinn) par exemple. La vie de remplaçant en NBA, ce nâest pas facile. On a tous le mĂȘme problĂšme. Tous ceux qui veulent prouver quelque chose dans la ligue. Surtout quâon a tous confiance en nous. Tout le monde, les 15 joueurs, se disent quâils pourraient ĂȘtre les titulaires et faire de grosses performances. Ce qui nâest pas vrai. On nâa pas tous les moyens de le faire. Mais dans notre tĂȘte on est tous calibrĂ©s comme cela. Câest pour ça quâon est en NBA. Si tu nâas pas ce truc en toi, tu ne peux pas ĂȘtre ici. Si tu es timide, que tu hĂ©sites, que tu as peur⊠Tu ne peux pas. Il faut avoir une mentalitĂ© de requin. Je crois quâen France les gens ne sâen rendent pas compte. Ils pensent quâon a la grosse tĂȘte. Mais câest la NBA. Câest ce quâil faut se dire. Câest la mĂȘme chose avec les chefs dâentreprise ou⊠avec vous, les journalistes ! Si tu ne vas pas chercher les infos, personne ne va te les apporter. A un moment, il faut avoir faim. Et nous on est tout le temps dans ce mode-lĂ .
AprĂšs le dĂ©part de Derek Fisher, vous avez eu un meeting avec son remplaçant, Kurt Rambis, avant le match contre Washington, votre ancienne Ă©quipe…
Je lâai vu deux heures. Il sâest passĂ© un truc qui fait que jâai attirĂ© son attention. Et ce nâĂ©tait pas positif⊠Je me suis Ă©nervĂ©.
Rixe dâentrainement par exemple ?
Je ne peux pas vraiment dire ce que câest. Il ne voudrait pas que je le dise. Mais bon, ce nâest pas positif. Mais câest devenu positif car Ă partir de lĂ jâai jouĂ© tous les matchs. (Il repense Ă la scĂšne) Bon, je me suis pris une amende ! Il nâĂ©tait pas content. Il mâa invitĂ© dans son bureau et on a eu une conversation. Je lui ai dit ce que jâavais Ă lui dire et ensuite on a parlĂ© dâhomme Ă homme. Au dĂ©but, on sâest parlĂ© 25 minutes, sans la relation joueur-coach. Les yeux dans les yeux. Ensuite on a parlĂ© du triangle, de jouer au poste 4⊠Et Ă partir de là ça a commencĂ© Ă basculer en fait. Contre Washington juste aprĂšs, jâai assurĂ© donc il mâa laissĂ© et ensuite jâai pu jouer tous les matchs. A la fin, jâai moins jouĂ©, je ne sais pas pourquoi. Mais il mâa dit quâil voulait travailler avec moi cet Ă©tĂ© et me dĂ©velopper (sâil signe aux Knicks Ă nouveau)
Vous avez aussi parlĂ©  avec Phil Jackson (le prĂ©sident des Knicks) Ă lâissue de la saison…
20 minutes. Avec le GM (Steve Mills) aussi. De bonnes choses en sont ressorties. On verra.
“Jâai une grosse confiance en moi et je sais que je suis capable de jouer ici.”
Que vous a-t-il dit en particulier ?
Pour lui, il pense que je suis hyperactif, que jâadore les rĂ©seaux sociaux et tout, que je suis un peu diffĂ©rent. Et il me dit : «Ecoute, moi je te comprends. Personnellement, je ne te juge pas et je ne pense pas que cela fasse de toi quelquâun qui nâest pas professionnel ». Il mâa mĂȘme parlĂ© de (Dennis) Rodman, il mâa dit quâil Ă©tait diffĂ©rent de tout le monde mais que pour autant câĂ©tait un des mecs les plus professionnels quâil ait rencontrĂ©. Il mâa dit quâil nâavait aucun problĂšme avec moi. Et quâil a compris que jâĂ©tais grave proche du groupe. Dâailleurs, souvent les assistants ou les prĂ©parateurs physiques venaient me voir et me disaient dâaller dire cela ou cela Ă untel. Dans le groupe, je pense que ma voix a de lâimportance. Je pense quâil y a toujours besoin dâun gars comme moi dans une Ă©quipe.
Si vous signez Ă nouveau Ă New York, quâallez vous devoir travailler ?
Si on trouve un accord avec New York, je vais regarder beaucoup de vidĂ©os. Mentalement, je vais travailler pour beaucoup plus comprendre les systĂšmes, tout ça. Je pense avoir un trĂšs bon QI. Les joueurs europĂ©ens, gĂ©nĂ©ralement, câest le cas pour nous. Mais il y a encore des automatismes que je dois avoir. Beaucoup de choses viennent avec le temps de jeu aussi. Câest ce que Kurt Rambis mâa dit lors de beaucoup de rĂ©unions dâailleurs. Quand tu ne joues pas, beaucoup de choses se prĂ©sentent sur le terrain et tu ne sais pas comment les gĂ©rer.
Pensez-vous que les Knicks vont vous faire une offre ?
Aucune idĂ©e. Ils sont intĂ©ressĂ©s. Avec la NBA, moi jâai compris maintenant : on verra. Je pense que jâaurai une offre et que je serai toujours en NBA. Jâai dĂ©jĂ entendu cela : «Pourquoi est-ce que tu ne vas pas en Europe ?» Mais mon but, ce serait dâaller en Europe pour revenir ici en fait ! Jâai une grosse confiance en moi et je sais que je suis capable de jouer ici. Donc voilĂ quoi. Et puis, imagine que je prenne la dĂ©cision dâaller en Europe et que je me blesse. (Pause) VoilĂ , je serais clouĂ© en Europe. Personne ne va pleurer pour moi.
Source : sport24.lefigaro.fr
You must be logged in to post a comment Login
Leave a Reply
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.