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Ludovic Chelle, artilleur en chef du CBC

Temps de lecture : 2 mn 🕗

Le shooteur, champion de France de Pro B la saison derniÚre avec HyÚres-Toulon, est le dernier arrivé des nombreuses recrues caennaises.

La mĂ©canique est fluide, prĂ©cise, rapide. Aucun doute n’est possible, Ludovic Chelle est de la caste presque Ă  part des shooteurs. Sa spĂ©cialité ? DĂ©gainer plus vite que son ombre derriĂšre la ligne des trois points.

« Shooteur, c’est plus une Ă©tiquette qu’on me met, tempĂšre-t-il. J’ai toujours Ă©tĂ© plus ou moins adroit et c’est quelque chose que j’ai beaucoup bossĂ©. Ça reste ma force, mais j’aime faire beaucoup d’autres choses sur le terrain, driver, aller au panier, faire des passes. Ça m’a parfois embĂȘtĂ© qu’on me catalogue comme shooteur et qu’on me laisse dans un corner. »

FormĂ© Ă  la mĂšne, Ă  ses dĂ©buts relativement tardifs puisqu’il n’a pris sa premiĂšre licence qu’à l’ñge de douze ans, Ludovic Chelle s’est dĂ©calĂ© au long de ses annĂ©es cadet. Les longues heures d’entraĂźnement solitaire ont fait du natif de Toulouse, ancien footballeur comme son frĂšre, un parfait poste 2.

Son appĂ©tence pour le tir Ă  distance ne s’est jamais dĂ©mentie.

« Je shoote tout le temps. Tant que je ne suis pas Ă  100 % sur une saison, c’est que je peux toujours m’amĂ©liorer. C’est un mouvement tellement prĂ©cis  »

AprĂšs chaque sĂ©ance, l’arriĂšre arrivĂ© il y a trois petites semaines au CBC s’astreint Ă  inscrire cinquante tirs supplĂ©mentaires. Sa seule obsession ? Parfaire encore un peu plus ce geste qu’il connaĂźt par cƓur. Ce n’est qu’à ce prix, dit-il, que sa marge d’erreur se rĂ©duira.

« Un bon shooteur est quelqu’un qui va rĂ©ussir Ă  retranscrire le bon mouvement tout le temps. La difficultĂ© en match, c’est de devoir courir, dĂ©fendre, tout en restant capable de faire le bon mouvement dans la foulĂ©e. »

La rĂ©compense n’en est que plus belle. Elle tient d’abord en une sensation, puis en un partage.

« Mettre des tirs Ă  trois points et voir la foule sauter de joie, c’est aussi ce qui me fait autant aimer le basket. Ce sont des choses que je raconterai Ă  mes enfants. A l’entraĂźnement, quand je marque un panier, je ne fais que mon travail. C’est diffĂ©rent. »

« Être Ă  Caen me permet de m’exprimer Ă  100 % »

Ludovic Chelle est arrivĂ© Ă  Caen aprĂšs la premiĂšre journĂ©e de championnat. L’incapacitĂ© du CBC Ă  provoquer le danger en pĂ©riphĂ©rie lors des matchs de prĂ©paration et l’indisponibilitĂ© prolongĂ©e d’Étienne Plateau avaient incitĂ© les dirigeants locaux Ă  renforcer leur effectif.

Sans club depuis la fin de son contrat Ă  HyĂšres-Toulon, avec lequel il avait Ă©tĂ© sacrĂ© champion de France de Pro B quatre mois plus tĂŽt, Ludovic Chelle n’a « pas longtemps hĂ©sité » quand son agent lui a fait part de l’intĂ©rĂȘt caennais.

« Je lui avais dit que je voulais rester en Pro B hormis pour quatre clubs de Nationale 1 aux structures de Pro B. »

Saint-Vallier et Orchies Ă©taient sur la liste. L’arriĂšre a Ă©tĂ© tout prĂšs de les rejoindre avant que le plan ne tombe finalement Ă  l’eau. Avec Caen, l’affaire s’est vite concrĂ©tisĂ©e.

« Je suivais Caen depuis l’annĂ©e oĂč ils avaient tout gagnĂ© mais n’étaient pas parvenus Ă  monter en Nationale 1. Et puis Philippe Da Silva, dont je suis trĂšs proche, avait adorĂ© ce projet. Il ne m’en avait dit que du bien. »

FormĂ© Ă  Antibes, passĂ© uniquement par des clubs de Pro A et Pro B, Ludovic Chelle a acceptĂ© de descendre d’un Ă©tage pour mieux rebondir. De 24 minutes par match il y a trois ans, il Ă©tait passĂ© Ă  13 minutes la saison derniĂšre. Ses statistiques, forcĂ©ment, s’en sont ressenties, tombant Ă  4,6 points de moyenne.

Si le HTV restera parmi les clubs marquants de sa carriùre, le joueur d’1m83 se languit de retrouver un rîle majeur à Caen.

« J’ai plus de pression ici car les attentes Ă  mon sujet sont plus Ă©levĂ©es. Le club ne m’a pas fait venir pour jouer dix minutes ou rester dans le corner. Je prends Ă©normĂ©ment de plaisir Ă  l’entraĂźnement et en match. J’ai commencĂ© ce sport parce que j’en Ă©tais amoureux. Aujourd’hui, je le suis encore. Être Ă  Caen me permet de m’exprimer Ă  100 %. »

Des débuts prometteurs

Avec le Caen Basket Calvados, Ludovic Chelle a une ambition dont il ne se cache pas : goĂ»ter une deuxiĂšme fois de suite au plaisir d’une montĂ©e. Le trentenaire n’a pas renoncĂ© Ă  la Pro B, et c’est avec Caen qu’il espĂšre y retourner.

Il a débuté sa saison par treize points à Souffelweyersheim et douze (4/8 à trois points) contre Tarbes. Un rendement pour le moins prometteur.

« En toute sincĂ©ritĂ©, je m’attendais Ă  ĂȘtre un peu plus dans le dur sur le premier match Ă  Souffel, prĂ©cise le numĂ©ro, un chiffre qu’il affectionne tout particuliĂšrement. Physiquement, mĂȘme si je me suis entraĂźnĂ© avec le SMUC (Marseille, N2) quand je n’avais pas de club, je pense ĂȘtre encore derriĂšre les autres. Contre Tarbes, je suis content de ma performance mais un peu déçu d’avoir ressenti la fatigue aussi vite. Ça m’a remis les idĂ©es claires sur mon cardio. Il me faut encore une ou deux semaines pour ĂȘtre bien. Mais si je peux aider l’équipe sur 20-25 minutes, je le ferai. L’essentiel est que je sois Ă  200 % quand je suis sur le terrain. »

Du haut de ses 33 ans, aprĂšs quinze ans de professionnalisme, Ludovic Chelle n’est pas homme Ă  paniquer. MĂȘme ses quelques mois de chĂŽmage ne l’ont nullement inquiĂ©tĂ©.

« Je l’ai pris comme une chance de pouvoir passer du temps avec ma famille, dont je suis trĂšs proche. J’étais prĂȘt Ă  attendre. »

Ancien joueur de Paris, Roanne et Bourg en Pro A, puis de Nantes, Évreux et Hyùres-Toulon en Pro B, le Franco-Malien a de la bouteille. Pourtant, la retraite semble encore un lointain projet.

« Je pense Ă  l’aprĂšs, professionnellement et humainement, puisque j’ai sacrifiĂ© beaucoup de choses pour le basket, mais ça me passionne tellement que j’ai du mal Ă  me voir loin du terrain. Pour beaucoup, Ă  mon Ăąge, on commence Ă  ĂȘtre un vieux sportif. Physiquement, je me sens bien. Je vis basket, je mange basket. Je me vois vraiment mal mettre fin Ă  cette carriĂšre qui me plaĂźt tant. »

MĂ©daillĂ© de bronze au championnat d’Europe espoirs dans ses jeunes annĂ©es, alors sous le maillot français, prĂ©sent Ă  la Coupe d’Afrique des Nations 2009 avec le Mali, pays de sa mĂšre, Ludovic Chelle a presque tout connu. Pourtant, pour celui qui est « le genre de personne qui s’attache facilement aux gens », l’aventure humaine vaut bien des victoires.

« Je remercie le sport de m’avoir fait rencontrer des mecs en or. »

La suite de l’histoire s’annonce encore belle…

Source : Sportscaen.fr

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