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En prenant ses quartiers Ă Johannesburg (Afrique du Sud) il y a maintenant dix ans, la NBA nâimaginait pas un instant lâengouement que susciterait ce banal ballon orange une dĂ©cennie plus tard. Et la fiĂšvre ne risque pas de se calmer de sitĂŽt : la ligue amĂ©ricaine de basket a dĂ©jĂ de grands projets sur le continent. Avec un accent qui sera portĂ© sur les basketteuses au cours des prochaines annĂ©es. LâAfrique, futur berceau de la WNBA ? Sans aucun doute !Â
PrĂ©sente en Afrique depuis dĂ©jĂ 27 ans, la NBA, prestigieuse ligue amĂ©ricaine de basket professionnel, se lance dans une toute nouvelle aventure pour faire de ce continent le nouvel Eldorado du ballon orange. Ă lâimage des Camerounais Pascal Siakam â champion NBA en 2019 avec les Toronto Raptors â et Joel Embiid â nouveau leader des 76ers de Philadelphie â le continent regorge de pĂ©pites qui pourraient bien devenir le futur de la NBA ou de la WNBA. Au total, plus de 80 joueurs africains ont dĂ©jĂ foulĂ© les parquets du Madison Square Garden ou du Staples Center, sans mĂȘme compter les stars passĂ©es par la ligue fĂ©minine, comme Clarisse Machanguana (Mozambique) ou encore Astou NâDiaye (SĂ©nĂ©gal). « Des exemples comme ça, la NBA espĂšre pouvoir en citer dix fois plus dans 10 ans », lance Will Mbiakop, directeur gĂ©nĂ©ral de la NBA en Afrique.
Pour conquĂ©rir Ă sa maniĂšre le Berceau de lâHumanitĂ©, la NBA a tout dâabord imaginĂ© les programmes Junior NBA. Aujourdâhui essaimĂ©s dans une quinzaine de pays, il sâagit « de diffĂ©rents modules dâinitiation au basket, organisĂ©s dans les Ă©coles ou les complexes sportifs pour les garçons et les filles de 10 Ă 16 ans ». Chaque semaine, des jeunes aux quatre coins de lâAfrique ont lâopportunitĂ© de suivre gratuitement les entraĂźnements de coachs chevronnĂ©s et de recevoir les conseils avisĂ©s dâanciennes superstars du circuit. Une flopĂ©e de programmes que Will Mbiakop imagine dĂ©jà « sur lâensemble des pays du continent. Câest important quâun maximum de petits garçons et de petites filles puissent en profiter. Un des gros avantages du basket, câest que les filles adorent. Il ne faut pas les oublier et câest pour cela quâon dĂ©veloppe aussi beaucoup dâactivitĂ©s dĂ©diĂ©es aux filles ». Mais cette ambition a un coĂ»t, celui des infrastructures indispensables Ă la pratique du basketball, et bien souvent vĂ©tustes voire inexistantes dans la plupart des pays. Un autre point sur lequel la NBA travaille dâarrache-pied pour changer dĂ©finitivement le visage de lâAfrique.
Si les programmes Junior NBA sont accessibles Ă tous, novices comme petits prodiges du basket, la ligue amĂ©ricaine a trouvĂ© un moyen de suivre de trĂšs prĂšs les plus talentueux du lot. Depuis maintenant trois ans, jusquâĂ 25 jeunes venus de tout le continent sont sĂ©lectionnĂ©s chaque annĂ©e pour rejoindre les rangs de la NBA Academy Africa, une formation intensive pour les surdouĂ©s de la discipline. Pendant deux Ă trois ans, ils vont poser leurs valises au centre de Saly, au SĂ©nĂ©gal, pour y enchaĂźner matchs et entraĂźnements. « Tous les matins, ils dĂ©marrent la journĂ©e par un entraĂźnement dâune heure et demie. Ensuite, ils ont des cours, car leur scolaritĂ© reste une prioritĂ© pour nous, et encore un autre entraĂźnement dans lâaprĂšs-midi », dĂ©taille Will Mbiakop. « Chaque annĂ©e, on essaie dâamĂ©liorer un peu la formule. Lors de la derniĂšre Ă©dition par exemple, ils sont allĂ©s faire des matchs en Europe et aux Ătats-Unis pour se mesurer aux meilleurs jeunes de la planĂšte ». Un rythme intense auquel les filles aussi peuvent se confronter depuis un peu plus dâun an.
« Rassembler un maximum de petites filles autour de notre sport »
AprĂšs ces quelques annĂ©es de dur labeur, les champions et championnes en herbe auront la possibilitĂ© â pour les plus talentueux et talentueuses â de se frotter directement au gratin du basket amĂ©ricain en rejoignant les bancs dâune prestigieuse universitĂ© voire en allant directement titiller LeBron James, Elena Delle Donne et consorts sur les parquets de NBA et WNBA. « Mais notre objectif, câest aussi de continuer Ă aider et Ă faire progresser les jeunes athlĂštes sans quâils ne soient obligĂ©s de quitter le continent pour rejoindre lâEurope ou les Ătats-Unis », ne cache pas le directeur. Câest pourquoi en avril prochain, la NBA Africa League va voir le jour. Une compĂ©tition inĂ©dite en Afrique, rĂ©unissant 12 clubs venus de 12 pays diffĂ©rents. « Il y avait tellement dâengouement, quâon aurait facilement pu crĂ©er une ligue Ă 30 Ă©quipes », assure Will Mbiakop. « Mais il ne faut pas brĂ»ler les Ă©tapes. Nous utilisons le savoir-faire de la NBA pour construire un Ă©vĂ©nement grandiose. Nous voulons crĂ©er des hĂ©ros locaux, et faire en sorte que ces Ă©quipes se forgent une communautĂ© forte. Ce nâest pas tout. Une ligue entiĂšrement consacrĂ©e aux meilleures joueuses africaines va aussi ouvrir dans la foulĂ©e. » « Notre volontĂ©, câest surtout de rassembler un maximum de petites filles autour de notre sport », insiste Will Mbiakop. Et pour cela, la NBA peut compter sur lâengagement des deux superstars citĂ©es plus haut, la Mozambicaine Clarisse Machanguana et la SĂ©nĂ©galaise Astou NâDiaye, qui Ă©paulent la ligue en Afrique depuis quâelles se sont retirĂ©es des parquets. « Câest une vraie fiertĂ© pour nous. Non seulement elles coachent les jeunes filles qui participent aux programmes Junior NBA, mais elles vont aussi dans les quartiers pour partager leur parcours et inspirer la nouvelle gĂ©nĂ©ration. LâidĂ©e est de leur montrer un modĂšle de rĂ©ussite, non pas pour faire dâelles les futures stars de la WNBA, mais simplement pour leur permettre de rĂ©ussir dans la vie. »
Par Hugo Bernabeu
Extrait du magazine WOMEN SPORTS N.16 dâavril-mai-juin 2020
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